lundi 29 septembre 2008

C'est pas bien de répéter !!!


L'histoire n'est pas toute fraîche, mais n'est parvenue à mes pauvres oreilles que récemment.
Hervé Eon, humble civil, avait décidé en cette belle journée du 28 août dernier, de se rendre à Laval, où se tenait une manifestation contre le Chef de l'Etat.
Ce même chef de l'Etat se trouvait sur place pour y annoncer la généralisation du RSA (aucun lien avec l'Afrique du Sud ...).

Et c'est avec la même solonnelité que dans le générique de début de New-York Unités Spéciales, que j'annonce : "Voici son histoire" !
Le texte qui suit est une lettre envoyée par Hervé Eon en personne, au site http://www.rue89.com/ :

"Jeudi 28 août 2008, vers onze heures, je me rendais à vélo, à la manif contre la politique de Sarko, prévue à midi place de la mairie à Laval. J’avais prévu un carton (format 21 X 29,7 cm) sur lequel était inscrit « Casse-toi pov’con ». J’avais mis celui-ci en protection ventrale pour ne pas l’abimer.
Sur le trajet que j’ai emprunté, boulevard Félix Grat, j’ai entendu les sirènes des motards. Il devait s’agir du convoi présidentiel. Les motards enjoignaient les automobilistes de rouler vite pour libérer le passage. De nature prudent, je me suis rangé sur le côté du boulevard en restant juché sur mon vélo, sans même avoir le temps de me retourner, pour profiter du spectacle.

C’est alors, que deux personnages en civil, genre pitbulls (j’ai compris rapidement qu’ils s’agissait de deux flics), se sont rués sur moi, laissant mon vélo par terre et m’emmenant sur le trottoir, chacun d’eux me tenant un bras pour m’immobiliser et empêcher tout mouvement de ma part. Mais j’ai entendu que la voiture de Sarko passait. J’ai pu sortir mon carton, qui portait la mention « Casse toi pov’con » ce qui m’a valu d’être emmené au poste de police pour audition, étant accusé d’avoir offensé le président de la République.

Pour le transfert du boulevard Félix Grat au commissariat de Laval, les flics ont accepté de ne pas me menotter. Le véhicule ne pouvant pas transporter mon vélo, j’ai dû l’abandonner sur place (après l’avoir cadenassé).

Pour l’audition, j’ai déclaré ne pas reconnaître que le message était à destination de Sarko. J’ai dit considérer que le message était adressé à celui qui voulait bien le prendre pour lui et que de toutes façons cette expression était de langage courant puisque Sarko lui même l’utilisait.

Je suis néanmoins convoqué en qualité de prévenu, le 23 octobre 2008 à 14h00 devant le tribunal correctionnel de Laval, pour avoir à Laval, le 28 août 2008, en tout cas sur le territoire national et depuis temps n’emportant pas prescription, offensé par parole, écrit, image ou moyen de communication -en l’espèce un écriteau avec les inscriptions « Casse-toi pov’con »- le président de la République française."

FIN DE LA LETTRE DE MONSIEUR EON.

Petit flashback pour les amnésiques, les Alzheimeriens, ceux qui viennent d'acheter leur première télé, ou les spéléologues de retour à la surface ...
Tout commence le 23 février dernier lors de l'ouverture du Salon de l'Agriculture. Notre Président, se rend alors là-bas avec une sérénité et une envie digne des plus grands. Il préférait largement être là, à caresser le cul des vaches et à serrer des mains cracras plutôt que d'être pépère dans son bureau Elyséen. Mais bon, le calendrier Présidentielle de Chirac le prédécesseur étant basé uniquement autour de ce salon, le successeur se devait d'y passer au moins une petite heure.

Séance serrage de mains.
Visiblement mal à l'aise à faire semblant d'être heureux, notre brave Chef de l'Etat s'enclenche en position "sourire forcé", et commence sa tournée et sa distribution de mains tendues.

Jusqu'au bras de Monsieur Z, illustre inconnu, sans distinction politique apparente.
Nico lui tend sa main. S'en suit un "Ah non me touche pas, tu me salis" de la part de Mister Z.
Et c'est à ce moment là qu'arrive la réplique magnifique et pleine de retenue d'un Président à la répartie monstrueuse "Casse toi alors pauv'con !".

Ne vous en faites pas, je ne vous ferai pas l'affront de vous remontrer une énième fois cette vidéo facilement visionnable sur le Net.

Tout ça pour rappeler brièvement, l'histoire du "casse toi pauv'con !".

Laissons de côté ce salon, et revenons à ce brave Monsieur Eon qui a donc considéré que sa petite pancarte avec cette citation Sarkozienne pouvait être brandie sans risque de représailles.
Seulement voilà la connerie de la justice n'a pas de borne.

Les mauvaises langues pourraient dire que ce monsieur Eon "l'a bien cherché", et qu'en voulant essayer de jouer au con, il a fini par gagner.
Il est vrai que choisir comme défense "le message était adressé à celui qui voulait bien le prendre pour lui", et non pas directement à Sarkozy peut sembler léger, surtout quand on se doute du bonheur que cela doit être de pouvoir communiquer avec le Président en utilisant "son langage".
Peut-être cela restera t-il sa ligne de défense lors de son procès, l'avenir nous éclairera sur ce point.

Toujours est-il que ce procès est plus qu'abusif.
Dans de telles conditions de vie où le terme "con" est pris si à coeur par les gens, et à priori par El Presidente, des mises au point s'imposent !

Peut-on traiter n'importe qui de "con" sans risque de poursuite tant qu'il ne s'agit pas du Président ?
Peut-être est-ce le terme "pauv'" qui était de trop ?
Sarko n'ayant pas compris le reste de la pancarte, ou n'ayant pas pris le temps de lire entièrement, a simplement compris qu'on l'insultait de "pauvre" ... C'est alors que dans une colère monstrueuse, il a réclamé la tête d'un Hervé Eon, qui a eu le culot de traiter le Seigneur Bling-Bling de gueux !
Si tel est le cas, il faut aussi comprendre le Président ... Se donner autant de mal pour taxer des stylos en or aux hommes politiques du monde entier, avantager les plus riches de l'hexagone avec des réformes du bouclier fiscal et de l'ISF, acheter des Rolex aux States, tout ça pour au final se faire traiter de "pauvre" ... ça doit fâcher !!

Peut-être est-ce la phrase dans son ensemble qui est fâcheuse ?
Dans ce cas, Monsieur Z (le type du salon de l'agriculture), peut-il lui aussi traîner le Président en justice dès que son immunitée sera remise au placard, et qu'il ne sera plus qu'un citoyen lambda ?

A moins que ça ne soit juste le fait d'insulter un Président ... ?
Peu importe l'insulte, dès que l'on emploie un "mot méchant" en désignant un Président, la guillotine de la justice doit nous pendre indubitablement au nez ?
Dans ce cas, j'attends avec impatience le procès Jospin !
Ce Premier Ministre qui avait lors de la campagne Présidentielle insulté Chirac en disant qu'il était "vieux, usé et fatigué".
Dans ce genre d'affaire, la prescription ne doit sûrement pas exister et comme la loi est la même pour tous ... Même si à l'époque, Jospin avait présenté ses excuses au Président Chirac, excuses qu'il ne pensait pas une seule seconde, ne doit-il pas lui aussi être traîné devant les tribunaux ? Après tout, cela ferai reparler de lui, et le propulserait sur le devant de la scène nationale, comme cela n'a plus été le cas depuis bien longtemps !

Les excuses ont peut-être suffi ...
Dans ce cas, un bon "pardon Nico" peut-il sauver Hervé Eon de la peine maximale de 6 mois de prison et de 45 000€ d'amende ?
Si tel est le cas, la tâche ne sera pas aisée ... Tout comme lui dire "pauv' con" doit soulager son homme, s'excuser pour ça, doit couter ...

Mais sait-on jamais ... Peut être la plainte sera t-elle retirée !
Mais d'ailleurs ? Qui a déposé plainte ? Sarkozy ? Les flics eux-mêmes ?
Des policiers zélés qui, une fois n'est pas coutume, défendent Sarkozy, ça me ferai mal !

Rendez-vous donc le 23 octobre pour le début de ce procès, qui opposera donc Hervé Eon au Président Sarkozy.

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