mercredi 19 novembre 2008

Intervention de Hervé EON suite au jugement rendu le 6 novembre 2008


Accusé d'outrage au Président de la République pour avoir brandi lors du passage du convoi Sarkozien, la pancarte "Casse toi pauv' con", Hervé Eon s'est donc rendu à son procès le 6 novembre dernier.

Voici la réaction de ce dernier au verdict de cette affaire :

"Le tribunal correctionnel de Laval a suivi le réquisitoire du procureur de la république.

A ses yeux, l'offense serait constituée et il me condamne à 30€ d'amende avec sursis.

Le 28 août 2008, des fonctionnaires de police zélés ont désigné une prétendue victime qui aurait été offensée de n'avoir pas vu mon carton sur lequel était inscrit « Casse toi pov'con » ; Cela justifiait à leurs yeux une audition au commissariat, et la substitut du procureur tout autant zélée décidait d'engager des poursuites à mon encontre ;
Je comprends les pressions qui s'exercent sur tous les rouages de l'Etat. Nous avons conscience de la période politique dans laquelle nous sommes.

J'espérais, tout comme vous, que les fonctionnaires chargés de la justice et du maintien de l'ordre fassent preuve de discernement et s'autorisent à réfléchir d'avantage avant d'engager de telles sanctions à l'encontre des militants ou citoyens engagés. Ce que n'a pas fait, aujourd'hui le tribunal correctionnel de Laval en suivant les réquisitions du procureur.

Je suis convaincu, autant que vous, qui m'avez soutenu, que cette situation est le résultat d'une politique méprisante, arrogante que mène Mr Sarkozy et son gouvernement.

Nous avons, nous aussi, de la mémoire : Qui insulte des pans entiers de la population en les traitants de « racailles », qui nie au peuple le droit de montrer son désaccord avec les politiques menées - Rappelez vous ces propos : « ce n'est pas la rue qui gouverne » ou « les réformes se feront de toute façon car je suis le président ». Qui transforme nos institutions judiciaires, éducatives... sans concertation ?

Qui est l'offenseur ? A quand l'offense présidentielle au citoyen ?

Chacun des ministres y va de son couplet autoritaire, de ses petits mots qui n'ont pas place dans la bouche de ceux qui nous gouvernent.

A cet instant je voudrais m'adresser à Mr Sarkozy lui-même, qui n'a pas vu mon carton, qui n'a donc pas déposé plainte pour offense, mais qui obtient malgré cela que ses serviteurs le fassent à sa place.

Je voudrais m'adresser à Mr Sarkozy pour lui donner un conseil.De quel droit se dira-t-il ? Qui est ce petit provincial qui viendrait lui faire la leçon à lui Président de la République, de l'Europe et « grand » de ce monde !!!

J'ai un bénéfice sur Mr Sarkozy, le bénéfice de l'âge. Et c'est à ce simple titre, étant son aîné de presque 3 ans et ayant une pratique militante depuis l'âge de 18 ans.

J'ai brandi ce carton, qui était destiné à qui voulait bien le prendre pour lui alors que beaucoup avaient envie de le faire en le destinant à Mr Sarkozy lui-même. La pétition concernant mon soutien a été signée à ce jour par plus de 5000 personnes, du nord au sud de la France, de l'est à l'ouest. J'ai reçu beaucoup de messages de sympathie et de commentaires sur la fonction présidentielle.

C'est, éclairé de ces commentaires et de mes propres convictions, que je veux dire à Mr Sarkozy en notre nom à tous, que l'insulte, l'injure et le mépris n'ont pas leur place dans le débat démocratique. En République, le souverain c'est le peuple citoyen. On ne gouverne pas contre lui et encore moins en tentant d'intimider les récalcitrants.

Nous pensons tous, que le président, à défaut de mener une politique satisfaisante pour tous, doit inciter chacun, par ses actes et son attitude, au respect de l'autre.

Etant militant, il n'obtiendra pas de moi, ni de nous je le crois, un silence complaisant, une mise au pas en judiciarisant le débat politique.

L'offense au président de la République est une résurgence de l'ancien régime. Elle n'a pas sa place dans notre république. Nous ne sommes pas des sujets, nous revendiquons notre statut de citoyens, notre liberté d'opinion et notre droit d'expression.

Relaxé ou condamné le combat politique continue, je défendrais pour ce qui me concerne les valeurs de la République et serais intransigeant avec moi-même et tous ceux qui la mettront en danger.

Je continuerais à me battre pour un monde meilleur, sans OGM, sans nucléaire et où l'être humain est respecté, les enfants protégés.

Pour tout cela j'ai désobéi, je désobéirais encore pour l'intérêt de tous, ceux qui voudraient bien le faire mais n'osent pas, ne peuvent pas.

L'affaire n'est pas terminée, j'ai 10 jours pour faire appel de la décision rendue aujourd'hui. Je vais donc y réfléchir avec l'avocate qui me défend.

Mais il me semble, au-delà du cas Eon et son carton, que cette décision de justice marque la mise au pas affichée de l'action militante et revendicatrive.

Les animateurs du comité de soutien vous tiendront informés des suites et je vous invite dès maintenant à ne rien lâcher, à résister et à vous battre. Je sais que je parle ici à des convaincus. Alors nous continuerons à nous battre ensemble.

Je vous remercie du fond du cœur."

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